Saint-Chély du Tarn
Au cœur du site classé des Gorges du Tarn, Saint-Chély du Tarn est un des endroits les plus étroits des Gorges.
À 5km de Sainte-Énimie, en direction de Millau, Saint-Chély du Tarn surprend tout d’abord par son aspect discret, presque caché au pied des falaises. Situé sur la rive gauche du Tarn, il est relié à la route principale par un pont à une seule arche qui en est son unique voie d’accès.
Jusqu’en 1905, le village n’était accessible qu’à pied par la rive gauche et par le Tarn, en barque. Si pendant des siècles, l’agriculture vivrière a été l’activité dominante des habitants, les premiers amateurs de paysages spectaculaires se lancent très tôt à la découverte des Gorges.
Dès 1894, les premiers récits touristiques retracent avec beaucoup de poésie les voyages des visiteurs. Si le paysage abrupt et escarpé a provoqué l’engouement des visiteurs, il a aussi sonné le glas des activités agricoles traditionnelles en rendant toute mécanisation agricole impossible.
Cette reconversion économique n’a été engagée, dans un premier temps, que par un petit nombre de précurseurs. Une grande majorité d’habitants a dû partir en ville pour trouver du travail. Enfin, l’arrivée tardive du confort moderne et le long désenclavement routier ont fait des Gorges du Tarn un des endroits les moins peuplés de France.
Aujourd’hui, la généralisation d’internet, des paraboles satellitaires et la modernité en général offrent les mêmes possibilités qu’en milieu urbain, avec le paysage et la nature en plus !
Le Moulin de Cénaret est aujourd’hui aménagé en boutique d’artisanat. Une vingtaine d’artisans et de créateurs choisis pour leur originalité et la qualité de leurs œuvres y sont exposés.
Cet ancien moulin a la particularité d’avoir été construit directement sur la voie d’eau. La source coule à l’intérieur même du bâtiment où l’on distingue très nettement son ancien mode de fonctionnement.
La conduite forcée - une chute d’eau de 4m - débouche sur l’ancienne salle des turbines. Ces roues à cuillères en bois tournaient sur un plan horizontal, entraînées par des axes verticaux. La voûte percée permettait leur passage pour relier les turbines aux meules de pierres qui servaient à moudre le grain.
La conduite naturelle dessert un petit lavoir et débouche quelques mètres plus loin sur une cascade, visible du pont, qui se jette dans le Tarn.
De fondation très ancienne, a priori médiévale, le Moulin de Cénaret semble avoir cessé son activité il y a plusieurs générations.
C’est à Sainte-Énimie que le dernier moulin en fonction des Gorges du Tarn a cessé son activité en 1986.
Les moulins des Gorges ont toujours subi les aléas des crues du Tarn et des sources. En effet, essentiellement à l’automne, les épisodes cévenoles, phénomènes pluvieux très violents, provoquent des montées des eaux - le Tarn et ses affluents - qui peuvent être très rapides et très impressionnantes.
De nos jours, des dispositifs de mesure modernes permettent d’anticiper ces événements et d’en prévenir les conséquences. Autrefois, les moulins à eau subissaient de plein fouet les caprices de l’eau et au fil du temps, beaucoup ont disparu. Pourtant l’activité des moulins était essentielle à la vie quotidienne. En effet, les céréales cultivées sur les Causses y étaient transformées en farine.
Si aujourd’hui les Causses et les Gorges paraissent être deux mondes bien distincts, cela n’a pas toujours été le cas : pendant des siècles, la vie locale était basée sur une économie autarcique et auto suffisante.
Sur les plateaux hauts en altitude et arides que sont les Causses, on y cultive depuis toujours des céréales. L’élevage des moutons est tout aussi ancien et traditionnel. Dans les Gorges, plus basses en altitude et où l’eau est abondante, ce sont les arbres fruitiers et la vigne qui constituaient la base des activités.
Concrètement, la relative proximité de ces deux mondes séparés par 500 m de dénivelé permettait aux habitants d’échanger les biens dont ils avaient besoin. Par exemple, les céréales transformées en farine dans les moulins étaient échangés contre du vin. Au delà du simple échange de biens, les liens étaient très étroits entre les villages.
Les nombreux chemins qui relient les villages entre eux et qui font aujourd’hui, le bonheur des randonneurs, étaient des voies de communication très importantes : les Caussenards descendaient dans les Gorges les jours de marché mais aussi pour les fêtes de villages. Ils participaient aussi aux vendanges, tout comme les habitants des Gorges aidaient aux moissons, périodes de travail intenses qui demandaient beaucoup de main d’œuvre.
De nos jours, le découpage des communes témoigne de l’importance de cette complémentarité. En effet, leur périmètre s’étend à la fois dans les Gorges et sur les Causses.
De nombreux témoins discrets de cette époque pas si lointaine sont encore bien visibles, pour qui y prête attention…
Nichée sous la roche, la chapelle de Cénaret ferme l’entrée d’un lac souterrain qui alimente la source de Cénaret. Inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, la chapelle a été remaniée plusieurs fois au cours des siècles.
D’après la découverte il y a quelques années d’une pierre d’autel sous la statue de la vierge, un édifice primitif semblait déjà exister dès le Xe siècle. Cette pierre d’autel est exposée à l’église de Sainte-Énimie.
Vraisemblablement, la chapelle a été bâtie à l’emplacement d’un lieu de culte païen lorsque les Gorges du Tarn ont été christianisées. Sur la berge du lac qui se trouve derrière la chapelle, on trouve les ruines d’un ancien moulin. Pendant un temps, la chapelle a servi de grange avant d’être murée.
De jour comme de nuit, l’endroit ne laisse personne indifférent...
La chapelle Saint-Côme, au Mas-Saint-Chély, la chapelle Saint-Hilaire, aux Baumes, et l’Ermitage à Sainte-Énimie méritent aussi le détour pour les amateurs de lieux insolites.
Cette église romane est classée Monument Historique en 1984. Il en est fait mention dès 1155 . Les outrages du temps et de l’humidité ont mis à la mal l’édifice et les menuiseries. Des travaux de restauration sont en cours.
À cette occasion, des fresques ont été mises à jour. Un décor peint, composé de motifs floraux agrémente les pans de l’abside et le cul-de-four. D’après les sondages ce décor daterait du XVIIIe siècle.
Situé à l’entrée, au dessus du portail, se trouve un très beau chapiteau roman, qui devait provenir du premier édifice, et qui représente la Tentation d’Adam et Ève.
Comme autrefois, le cimetière entoure l’édifice. Des tombes mérovingiennes ont été découvertes lors de travaux d’aménagements.